Site d'étude

L’Île Bylot est située à la pointe Nord de l’Île de Baffin, Nunavut, Canada. La communauté la plus proche par laquelle on peut accéder à l’Île Bylot est Pond Inlet (Mittimatalik) située dans le Nord de l’Île de Baffin. Créé en 2001, le Parc national Sirmilik comprend la majorité de l’Île Bylot, à l’exception de quelques territoires appartenant aux Inuits. Ce parc national, d’une superficie 22 000 km², s’étend jusqu’à la partie Nord de l’Île de Baffin et représente l’un des plus grands parcs nationaux au Canada. Le nom Sirmilik, qui signifie ‘le lieu des glaciers’ en Inuktitut, reflète sans contredit le complexe de glaciers et de calottes glaciaires qui recouvrent la majorité de l’Île Bylot. La majorité de la superficie de l’Île Bylot (11 100 km²) est recouverte par de hautes montagnes et des glaciers. On y retrouve entre autres les Montagnes Byam Martin qui font partie de la Cordillère arctique qui s’étend de la côte Est de l’Île de Baffin jusqu’à l’Île Ellesmere. Le reste de l’Île Bylot, plus particulièrement sa plaine Sud, est caractérisé par de grandes régions à faible élévation recouvertes d’une végétation très diversifiée.

Même si nos recherches sur le terrain couvrent presque toute la plaine Sud de l’île (1 600 km²), notre station de recherche principale se situe dans une grande vallée glaciaire (70 km²) à l’extrémité sud-ouest de l’île (73°08’N, 80°00’W). Cette vallée, appelée Qarlikturvik par les Inuits, était presque entièrement recouverte de glace il y a 10 000 ans. Il y a environ 6 000 ans, le glacier a commencé à se retirer, laissant dernière lui de fins dépôts glaciaires et une accumulation de sédiments organiques qui forment maintenant le sol du fond de la vallée. Depuis, l’action du gel et du dégel a façonné le terrain et lui a fait prendre la forme qu’on lui connaît aujourd’hui. En effet, le fond de la vallée est maintenant constitué d’un assemblage de polygones, de lacs et d’étangs de fonte. La capacité de rétention d’eau de ces composantes topographiques, combinée à la faible capacité de drainage de la couche de sol gelé en permanence (pergélisol), contribue à la formation des milieux humides. La végétation caractéristique de ces milieux humides se compose principalement de cypéracées, de graminées et de plusieurs espèces de mousses. En plus des milieux humides, on retrouve également des habitats plus secs sur les versants de montagnes, les collines et les plateaux surélevés qui entourent les basses-terres de la vallée ainsi que les contours des polygones. Ces habitats possèdent des communautés végétales distinctes dont les plantes les plus communes sont les plantes herbacées, les graminées et les arbustes. Ces habitats, généralement appelés milieux mésiques, recouvrent 90% de la plaine Sud alors que les milieux humides en représentent uniquement 10%.

Christian Marcotte   Christian Marcotte
Vallée Qarlikturvik Polygones, lacs et étangs de fonte

Les milieux humides de la plaine Sud de l’Île Bylot représentent un des rares environnements arctiques où la qualité et la productivité des plantes sont élevées. Plus de 160 espèces de plantes, >15 espèces de mammifères et >70 espèces d’oiseaux bénéficient de cet ‘oasis polaire’. Représentant un site important pour plusieurs oiseaux migrateurs, l’Île Bylot a été déclarée Refuge d’oiseaux migrateurs en 1965. Parmi les espèces d’oiseaux migrateurs profitant de la végétation abondante des milieux humides de l’île, la grande oie des neiges a retenu l’attention des responsables du projet à la fin des années 80. La plaine Sud de l’Île Bylot possède l’une des plus grosses colonies de grandes oies des neiges au monde et les milieux humides de la Vallée Qarlikturvik représentent le site principal pour l’élevage des jeunes oies sur l’île. Comme plus de 100 000 oies passent l’été sur l’Île Bylot, cette espèce représente sans aucun doute l’herbivore le plus abondant de l’île. Mis à part la grande oie des neiges, on retrouve sur l’île d’autres herbivores tels le lemming brun, le lemming variable, la bernache de Hutchinson, le lièvre arctique et le lagopède alpin. Les principaux prédateurs terrestres sur l’île sont le renard arctique, le labbe à longue queue, le labbe parasite, le goéland bourgmestre, le grand corbeau, la buse pattue et le harfang des neiges.

Un peu d'histoire