Goéland bourgmestre

Le goéland bourgmestre est très abondant et répandu dans l’Arctique. Il est un migrateur qui passe l’été en Arctique. Certains individus peuvent parfois même hiverner plus au sud de l’Arctique. En hiver, on le retrouve à l’est du continent le long des côtes de Terre-Neuve et du Labrador, jusqu’en Caroline du Nord en incluant le Golfe du Saint-Laurent et, à l’ouest, de l’Alaska jusqu’en Californie. Bien que ce goéland niche habituellement en colonie sur des falaises côtières à divers endroits en Arctique, sur l’Île Bylot il niche plutôt de manière isolée sur des îlots au milieu d’étangs et de lacs, ou en bordure de ces derniers dans les prairies humides de l’île. La densité moyenne de nids de goélands dans la zone de prairies humides de la vallée Qarlikturvik est de 1.2 nids/km2.

Écologie de la reproduction

Les goélands ont tendance à réutiliser les mêmes sites pour nicher année après année. Ces nids sont construits à partir de végétation récoltée localement pour créer un monticule allant parfois jusqu’à 30 cm de hauteur ou plus. La femelle pond 2 ou 3 œufs verdâtres tachetés bruns. L’incubation dure généralement 27 jours et débute dès la ponte du premier œuf. En moyenne, les œufs sont pondus entre le 5 et le 19 juin et l’éclosion à lieu pendant les deux premières semaines de juillet. Pendant une période d’environ 42 à 50 jours les jeunes restent au nid ou à proximité et les parents assurent leur alimentation et leur protection. En période de reproduction, ces oiseaux sont fortement agressifs. Lorsqu’un intrus s’approche de leur nid, parfois même à plus de 100 mètres, ils émettent des cris d’alarmes et attaquent par des séries de plongeons et de survols rapides. Le mâle et la femelle prennent part à ces attaques jusqu’à ce que l’intrus s’éloigne.

Glaucous gull - Andréanne Beardsell Glaucous gull eggs - Yannick Seyer Young glaucous gull - Andréanne Beardsell

Bien que le goéland s’alimente en partie de lemmings (voir plus bas), contrairement à de nombreux prédateurs terrestres et aviaires de l’Île Bylot, sa présence sur l’aire de reproduction ne varie pas en fonction des cycles d’abondance de lemmings. Toutefois, son succès d’éclosion (proportion d’œufs qui vont éclore) est réduit lorsque l’abondance de lemmings est plus faible. Cet effet est attribuable à une hausse de l’activité des prédateurs (renard arctique, labbes et grand corbeau) sur les nids de goélands plutôt qu’à une plus faible disponibilité des ressources alimentaires. Les couples de goélands ont d’ailleurs avantage à nicher sur des îlots puisque ces derniers offrent une meilleure protection contre leur principal prédateur, le renard, et ce, même lors d’années de faible abondance de lemmings.

La base de données complète de notre suivi de la nidification des goélands sur l’Île Bylot est disponible sur NordicanaD.

Fighting - Christian Marcotte

Régime alimentaire

Le goéland bourgmestre est un prédateur généraliste, i.e. qu’il s’alimente d’une grande variété de proies. À l’Île Bylot, lorsque l’abondance des lemmings est élevée, le régime alimentaire des goélands est constitué majoritairement de proies terrestres (63%) et le reste de proies aquatiques (31% marins et 6% d’eau douce). Lorsque l’abondance de lemmings diminue, les proies terrestres représentent 50% de leur régime, alors que les proies marines augmentent à 43% et les proies d’eau douce à 7%. Bien que l’apport de proies d’eau douce soit plus limité, leur contribution augmente pour les goélands nichant plus loin de la côte.

Comme la majorité des prédateurs aviaires, le goéland produit des boulettes de régurgitation afin de rejeter les parties non digestibles de ses proies. L’analyse de plus de 1000 boulettes récoltées à l’Île Bylot a dévoilé l’origine des proies terrestres et aquatiques. En effet, les proies les plus abondantes sont grande oie des neiges et les lemmings, principalement le lemming variable. La présence rapprochée de la colonie d’oies en fait une proie de choix pour cette espèce. En effet, les œufs et les jeunes oies constituent la majorité des parties d’oies retrouvées dans les boulettes de goélands, particulièrement pendant la période d’élevage des jeunes goélands. Avant l’éclosion, les oies comptent pour une faible proportion des traces d’oies dans les boulettes. Lors des années de forte abondance de lemmings, leur proportion dans le régime alimentaire des goélands avant l’éclosion est plus importante que pour celle des oies alors qu’en faible abondance de lemmings l’inverse est observé. Après l’éclosion, les oies constituent la proie la plus importante du régime alimentaire des goélands. Les proies aquatiques retrouvées dans les boulettes incluent des invertébrés marins, des poissons, ainsi que des mammifères marins. Parmi les autres proies composant le régime alimentaire de ce prédateur généraliste, des traces d’oiseaux (ex. canards, labbes, passereaux, limicoles), de renard arctique et d’arthropodes ont été retrouvées. Étant donné la diversité d’endroits où niche cette espèce, la composition exacte du régime alimentaire diffère entre les sites de nidification. En effet, la distance à la côte et la disponibilité locale des ressources sont des facteurs qui affectent sa composition.

Legend
 
 
Pourcentage moyen des items trouvés dans les boulettes de régurgitation recueillies aux nids de goélands bourgmestre avant et après l'éclosion des jeunes sur l'Île Bylot pendant une année d'abondance faible et élevée de lemmings. Les proies aquatiques comprenaient des poissons, des invertébrés marins et des mammifères marins. Les autres proies comprenaient des oiseaux autres que les oies, des mammifères terrestres autres que des lemmings, et des arthropodes. D'après Gauthier et al. 2015, DOI: 10.1642/AUK-14-273.1.
Buse pattue Plectrophane lapon