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Deux étudiantes du CEN reçoivent des prix spéciaux du PFSN

9 avril 2024

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Crédit: Jessika Pickford-Gilbert et Émilie Desjardins


Jessika Pickford-Gilbert est étudiante au doctorat à l’Université Laval en génie des eaux sous la supervision de Stéphanie Guilherme. Son projet s’intéresse à la disponibilité en eau dans les régions nordiques et s’intitule « Caractérisation et protection des sources alternatives d’eau de consommation au Nunavik ». Elle a obtenu le prix spécial commémoratif George Hobson d’une valeur de 2500$ décerné par Savoir Polaire dans le cadre du PFSN. Ce prix souligne l’excellence du dossier académique de Jessika, ses grandes qualités humaines et son implication étroite envers les communautés autochtones avec lesquelles elle travaille.

Description de son projet :

Au Nunavik, une partie de la population récolte et consomme de l’eau naturelle non traitée provenant de sources alternatives. Ces sources peuvent être vulnérables à la contamination et ne bénéficient d’aucune protection ou mesure de suivi. La protection de la source d’eau vise à prévenir, réduire et contrôler les sources de contamination autour de la source d’approvisionnement par l’identification des menaces et l’évaluation des risques. Au Québec, la protection des sources d’alimentation en eau potable requiert une analyse de vulnérabilité, démarche qui vise à identifier les activités et éléments susceptibles d’affecter la qualité ou la quantité des eaux exploitées. Cependant, il est difficile de transposer l’approche développée par le Gouvernement du Québec pour les sources alternatives du Nunavik puisque:

A) Elle repose grandement sur l’optimisation de données historiques, qui sont rares au Nunavik et inexistantes pour les sources alternatives ;

B) Le Nunavik, situé au nord du 55e parallèle, évolue dans un climat Arctique-Subarctique. Les menaces à la qualité de l’eau sont propres à ce contexte et peuvent différer de celles présentées dans le sud du Québec ;

C) Le guide gouvernemental de la démarche de protection des sources est disponible en français et ne tient pas compte des particularités culturelles locales (90 % de la population du Nunavik s’identifie comme Inuk, et 87 %utilisent l’Inuktitut comme langue maternelle) ;

D) Cette documentation ne tient pas compte des savoirs traditionnels inuits ;

L’objectif de ce projet est de développer une approche à la protection des sources alternatives d’eau de consommation. Une méthode d’évaluation de la qualité de l’eau, d’identification des menaces et d’analyse du territoire sera développée par l’application d’une approche mixte alliant méthodes qualitatives et quantitatives. Cette approche permettra de mettre en valeur les systèmes de savoir traditionnels et conventionnels.

Intérêt et retombées humaines de son projet :

Ce projet de recherche découle des préoccupations exprimées par les autorités municipales de Kangiqsualujjuaq et les représentants de l'Administration régionale Kativik (ARK ; départements des travaux publics municipaux et des ressources renouvelables, de l'environnement, des terres et des parcs). L'importance de développer des stratégies de protection des sources, des indicateurs clés de potabilité et d'accroitre les connaissances collectives sur la contamination de l'eau douce a été soulignée par un examen de la littérature grise et scientifique sur le sujet. Le manque de connaissances scientifiques sur les sources naturelles d’eau de consommation n'est pas propre à Kangiqsualujjuaq. En effet, la consommation d'eau non traitée directement à la source est une pratique courante dans l'Inuit Nunangat (territoire des Inuits du Canada). Le développement d'outils adaptés à la réalité des communautés inuites permettra d'encadrer la pratique traditionnelle de la récolte d’eau naturelle, tout en réduisant les risques pour la santé publique. Cette recherche est le fondement même de ma thèse de doctorat. J’ai effectué un retour aux études en 2021avec l’idée de développer un projet pluridisciplinaire qui lie savoirs traditionnels, savoirs scientifiques et protection de la ressource eau. Ainsi, il va sans dire que le développement d’une approche à la protection des sources sur-mesure avec les membres des communautés nordiques me motive tout particulièrement. Les sources naturelles d’eau de consommation revêtent une importance particulière chez nos partenaires inuits, puisqu’elles représentent une alternative à l’eau du robinet bien ancrée dans les traditions locales.

Émilie Desjardins est étudiante au doctorat à l’UQAR sous la supervision de Dominique Berteaux et François Vézina. Son projet de recherche touchant à la biologie de la conservation et l'écologie arctique s’intitule « L’approche écosystémique en biologie de la conservation : Étude de cas dans le désert polaire d’Alert (Nunavut, Canada) ». Grâce à ses grandes aptitudes de recherche et de collaboration, à son dynamisme et son leadership ainsi qu'à son implication dans le milieu de la conservation et de l'accès à la nature, elle a obtenu le prix spécial commémoratif Malcolm Ramsay d’une valeur de 2500$, décerné par Savoir Polaire dans le cadre du PFSN.

Description de son projet :

La biodiversité arctique fait face à plusieurs menaces telles que la dégradation des habitats causée par les activités humaines, la modification des écosystèmes découlant du réchauffement climatique, ainsi que la colonisation par des espèces non indigènes. L’influence de ces menaces sur les écosystèmes arctiques est peu uniforme et dépend fortement des conditions biotiques, topographiques et climatiques locales, ainsi que de l’utilisation humaine. Pour arriver à atténuer ces changements actuels et futurs, il est primordial d’avoir des connaissances fondamentales sur les écosystèmes arctiques ainsi que des références temporelles sur l’état de la biodiversité, mais celles-ci sont rares, voire absentes dans plusieurs sites arctiques. Mon projet de recherche vise donc à acquérir de nouvelles connaissances sur la composition, la structure et le fonctionnement de l’écosystème du désert polaire près de la Station des Forces canadiennes Alert (Nunavut) afin de mieux protéger la biodiversité locale. Il s’agit d’une étude de cas de la mise en place d’une approche écosystémique en conservation. Plus précisément, mes objectifs consistent à (1) caractériser les espèces et communautés végétales du désert polaire d’Alert, (2) identifier, modéliser et prédire les habitats des espèces animales ayant un statut de conservation, (3) modéliser les interactions trophiques avec différents scénarios (été vs hiver et absence vs présence de lemmings), (4) identifier les points chauds de biodiversité en comparant la richesse et la biomasse végétale et animale entre les milieux humides et les milieux plus secs (xériques et mésiques), (5) évaluer le degré de colonisation de l’écosystème par des espèces végétales et fongiques non indigènes potentiellement introduites par les humains et (6) proposer un plan de gestion de la biodiversité en concertation avec les gestionnaires de la station militaire d’Alert. Mon projet apportera une contribution fondamentale aux connaissances sur l’écologie du désert polaire ainsi qu’une contribution appliquée à la conservation de cet écosystème.

Intérêt et retombées humaines de son projet :

Mon projet de doctorat est directement relié au domaine dans lequel je veux travailler plus tard, soit la biologie de la conservation. Je souhaite poursuivre dans la recherche appliquée qui entraîne des bénéfices concrets et directs pour la biodiversité. L’aboutissement de mon projet de doctorat est l’écriture du plan de gestion de la biodiversité qui va permettre de réduire les perturbations humaines sur l’écosystème local. Mon séjour à Alert en 2024 est indispensable à la réalisation de mon doctorat. Il me donnera également l’opportunité de côtoyer des agents gouvernementaux, des scientifiques travaillant dans le Nord et des consultants en environnement, créant de multiples opportunités de collaborations qui seront utiles dans mes projets futurs ou encore pour ma recherche d’emploi. Je vais avoir l’occasion de perfectionner mes compétences dans l’utilisation de systèmes d’informations géographiques, qui sont des outils indispensables pour la gestion et la conservation des habitats. Je vais aussi développer mes capacités à mener un long projet, à gérer une équipe sur le terrain ainsi qu’à développer et entretenir des collaborations productives. Ainsi, l’expertise développée au cours de ce projet est inestimable pour ma future carrière en conservation.

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